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Espace-Forum des Enseignants-chercheurs algériens
1 février 2017

Khaled Belkacemi: un scientifique algérien victime de l'attentat qui a eu lieu à Québec

Khaled Belkacemi : Un chercheur respecté, un homme attaché à son pays

Je l’ai eu au téléphone le 28 janvier au soir, soit deux heures avant l’attentat qui lui a coûté la vie et on avait longuement discuté», raconte Yacine Hamoudi, beau-frère du défunt Khaled Belkacemi, visiblement encore sous le choc de la tragique nouvelle tombée aux infos et propagée par les réseaux sociaux.

«Je lui ai souhaité bon anniversaire, car il venait tout juste de fêter sa soixantième année. Il s’apprêtait à suivre un match de la Coupe d’Afrique pour laquelle il se passionnait», dit-il encore. En cette funeste soirée, un de ses amis, originaire comme lui d’Ighil Ali, devait l’accompagner à la mosquée, comme chaque jour à l’heure de la prière. Le sort — ou le destin — a voulu que son ami ait eu un empêchement. Sinon, le village de Jean El Mouhouv Amrouche aurait compté deux victimes.

Khaled Belkacemi était un brillant enseignant-chercheur reconnu, estimé et salué par ses pairs. En dehors de son travail, il était un père de famille tranquille et sans histoire qui veillait au bien-être de ses proches. Il était également un citoyen modèle, bien intégré et par-dessus tout un patriote, qui aimait et servait du mieux qu’il pouvait.

«Chaque année, il déboursait près de 100 millions de centimes pour venir passer un mois de vacances au bled. Il tenait surtout à ce que ses enfants ne perdent jamais le contact avec le pays», raconte Hamoudi Yacine. Originaire de Tazayart, Ighil Ali, à 90 km au sud de Béjaïa, Khaled Belkacemi, l’une des deux victimes algériennes, était un homme estimé de tous tant pour ses qualités humaines que professionnelles. C’est au début des années 1980 qu’il a bénéficié d’une bourse d’études, mais son départ au Québec ne s’est fait qu’en 1988, après son mariage en 1986.

Après quelques années d’exil, Khaled Belkacemi a cependant pris la décision de rentrer au pays pour se réinstaller définitivement en 1992. Hélas, son retour a coïncidé avec le début du cycle infernal de la violence terroriste dans lequel a plongé l’Algérie pour ne plus en sortir. Formé en génie chimique à l’Ecole polytechnique d’El Harrach, avec comme spécialité génie alimentaire, Khaled Belkacemi est alors enseignant à l’université de Bab Ezzouar, quand, le 31 mai 1994, il est témoin d’un attentat terroriste : le professeur Salah Djebaïli est assassiné sous ses yeux à sa sortie de l’USTHB.

Profondément marqué et choqué par cet acte d’une barbarie inouïe, Khaled Belkacemi décide, la mort dans l’âme, de reprendre le chemin de l’exil, lui qui était rentré pour servir son pays. Depuis, il menait sa carrière d’enseignant-chercheur et s’était fait une solide réputation de sérieux et de probité. «C’était un homme respectable et respectueux de lui-même et des autres. C’était aussi un homme posé et un humaniste reconnu par ses pairs pour son sérieux et sa compétence.

En dehors du travail, il était un bon vivant et un sportif qui s’occupait de sa famille. Il aimait également s’occuper de son jardin pour faire des expériences sur différentes plantes. Ils étaient bien intégré, ses enfants ont grandi, sa fille aînée travaille d’ailleurs à la mairie de Québec.» Tel est le portrait que brosse de lui son beau-frère.

Khaled Belkacemi travaillait sur des projets de partenariat dans le cadre de la coopération entre l’Algérie et le Canada, notamment avec deux instituts, dont l’un est à Bou Ismaïl et l’autre à Batna, précise Yacine Hamoudi. «Je me rappelle qu’un jour il est reparti au Québec avec un monceau d’alfa. Cela m’avait intrigué, mais il m’avait dit qu’il étudiait cette plante, entre autres», dit-il encore. «C’est une immense perte, non seulement pour sa famille mais aussi pour le Québec et l’Algérie», conclut Hamoudi Yacine. La dépouille du défunt sera incessamment rapatriée en Algérie pour être enterrée dans ce pays qu’il a continué à servir même par-delà l’exil.

Djamel Alilat (El Watan, 1 février 2017)
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